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L’anarchisme aujourd’hui : Ce qui motive notre action

























































































































































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Le constat face aux injustices sociales, celles que l’on subit personnellement ou celles faites à autrui, provoque notre révolte et l’on se dit qu’on ne peut pas rester sans rien faire devant une telle situation...

Mais le seul sentiment de révolte ne veut pas dire grand chose : il est tout relatif. Ce qui vous semblera inacceptable ne le sera pas forcément aux yeux d’un autre. Par soumission, par inconscience ou par idéologie, certains ne voient hélas rien d’abject dans le racisme ; ou estiment “normal” d’être soumis aux ordres d’un chef ! En fait, tout dépend de notre vécu, de notre réflexion, de notre éthique, de ce que nous considérons comme possible. Pour notre part, si nous contestons radicalement la société actuelle, c’est parce que nous sommes convaincus qu’une société de liberté et d’égalité est réalisable.

Cette exigence d’égalité et de liberté est notre première motivation. Or ces termes ont tellement été galvaudés (par les religieux, les fascistes, les libéraux ou les marxistes...) qu’il nous faut redéfinir la signification concrète que nous leur donnons.

L’égalité économique et sociale

Les aristocrates de l’Ancien Régime justifiaient leurs positions sociales en se référant au divin et à leur “sang bleu”. Aujourd’hui encore l’inégalité fondamentale entre les êtres humains continue d’être proclamée : des talents inégalement répartis “dès la naissance” condamneraient une fraction de l’humanité à la “médiocrité” tandis que l’autre (composée de riches hommes d’affaires et de grandes personnalités politiques...) serait naturellement appelée à dominer. N’est-ce pas cela qu’on tente de nous apprendre dans les livres scolaires, au travers des biographies de ces grands bourgeois et chefs d’État “qui font l’histoire” ?...

Ces discours simplistes se retrouvent dans des conversations quotidiennes et des réflexions ‘anodines”. Combien de fois a-t-on pu entendre : “Cette personne a du talent, un don, il est normal qu’elle gagne plus ” ? C’est bel et bien à un véritable consensus inégalitaire que nous sommes confrontés. Contre de telles idées reçues, nous affirmons que les “différences de potentialités innées” (à supposer qu’elles existent réellement, ce qui sur le plan scientifique fait encore l’objet de nombreuses polémiques) sont négligeables par rapport à l’influence du milieu social. Les fameux “niveaux de compétences”, sur lesquels les hiérarchies prétendent s’établit ne sont que le produit d’une éducation et plus globalement d’un système de classes qui conditionnent notre vie dès le plus jeune âge. Lorsqu’on est ouvrier dans une usine, ce n’est pas parce qu’on “n’est bon qu’à cela”. C’est parce que rien ne nous a permis ou “incité” à faire autre chose ! Il est évident qu’en règle générale, on poursuit des études longues seulement si on peut bénéficier d’un appui familial (sur le plan financier et/ou culturel)... Bien entendu, il existera toujours des différences : égal ne doit pas être confondu avec identique. Les individus ne sont pas comparables à des “feuilles blanches” sur lesquelles l’environnement social écrirait l’intégralité du texte. Les personnalités existent et heureusement ! Par contre, dans un contexte favorable, chaque personne, en fonction de ses centres d’intérêts et de ses envies, devient capable de développer des connaissances et des aptitudes à des activités complexes. Pour l’un, ce sera dans l’art, pour l’autre dans un domaine scientifique ; pour un troisième, dans un méfier requérant un fort sens pratique ou des dispositions particulières pour le dialogue, etc.

Notre égalitarisme va donc s’opposer à la “méritocratie”. Comme son nom l’indique, ce principe consiste à fonder les hiérarchies sur le mérite. Ainsi, pour les démocrates, la justice sociale se limite à garantir une égalité des “chances” et des “droits”, sans faire une seule seconde le procès de la compétition et de ses conséquences. C’est une façon de nous dire : “Vous aurez, au départ, les mêmes atouts, et il n’y aura qu’une seule et unique règle du jeu ; au bout du compte, les meilleurs devront être récompensés de leurs efforts, de leur sens de la responsabilité et de l’initiative”... Dans ce système, les privilèges de la naissance sont officiellement abolis : qu’on soit né dans une famille riche ou pauvre ne change rien... En théorie, n’importe lequel d’entre nous est autorisé à devenir ingénieur ou haut fonctionnaire ! Et où nous donne en modèle ce fils d’ouvrier, ce “self-made man” qui par son “courage”, sa “ténacité” et son “habileté”, a fait fortune ! Bref, on veut nous persuader que les possibilités d’ascension sociale sont égales pour tous... Quelle absurdité ! On ne peut oser soutenir que chacun peut s’élever socialement alors que le système hiérarchique établit, par définition, des “gagnants” et des “perdants” ! Dans la réalité, nous savons ce qu’il en est : les “réussites” spectaculaires de personnes issues de classes populaires restent de rares exceptions et la classe bourgeoise n’a aucun mal à préserver ses prérogatives, ne serait-ce que par l’héritage.

Pour prévenir le risque de cette réflexion subversive sur l’égalité, la propagande libérale a continuellement joué sur la peur de l’uniformisation, du nivellement par le bas. Mais pourquoi l’égalité empêcherait-elle la diversité des cultures et des mœurs ? Pourquoi rendrait-elle impossible de consommer et de travailler selon ses goûts personnels ? Pourquoi signifierait-elle un appauvrissement généralisé alors que nous vivons tous pour la plupart au dessous du salaire et du revenu moyen ? L’égalité économique entraînerait au contraire l’amélioration du niveau de vie pour l’immense majorité ! Plus que cela, elle est une condition incontournable à l’émancipation et à l’épanouissement de chacun, en permettant des relations humaines sans domination.

L’inégalité, c’est aussi pratiquer des discriminations ou légiférer en fonction de la couleur de peau, du sexe, des préférences sexuelles, de l’âge...

Contre le racisme

Le racisme n’est pas seulement une opinion car il finit toujours par provoquer des agressions, par la volonté d’anéantir des individus ou des populations entières. Dans le racisme, nous trouvons schématiquement trois ingrédients : la peur, la frustration et l’idéologie. Il est bien connu qu’on a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas. “Ils ne sont pas comme nous“ : ainsi s’exprime, au premier degré, cette sorte de peste émotionnelle qui, d’habitudes culturelles en fantasmes sécuritaires, rend suspect tout “étranger”.

Le rejet de “l’immigré”, c’est le stupide et criminel moyen d’extérioriser ses angoisses, de se défouler sur des boucs émissaires, de trouver plus “méprisable” que soi, en humiliant un autre individu. Ce phénomène d’aliénation découle aussi du système inégalitaire et capitaliste : quand les ouvriers ou les chômeurs “français” concentrent leur haine envers ceux qu’ils vont nommer “les Arabes”, “les Noirs” ou “les Juifs”, leurs patrons et leurs dirigeants dorment tranquilles !Le racisme ne se résume donc pas à des réflexes primaires. Arme de domination, il a d’emblée une dimension politique et idéologique. C’est le racisme qui a légitimé et rendu possible l’esclavage puis la colonisation sous prétexte d’une “mission civilisatrice”. C’est bien là le véritable mobile du racisme : justifier à priori et a posteriori les actes de domination et d’exploitation.

Selon les époques et les circonstances, l’idéologie raciste s’est structurée sur des notions et des argumentaires différents. Le racisme a d’abord affirmé la théorie selon laquelle l’humanité est divisible en groupes biologiques, certains étant “supérieurs” à d’autres. Bien entendu, il s’agit d’une aberration. La science a incontestablement prouvé qu’il n’existe pas de “races humaines”, qu’il est absurde de vouloir ainsi cataloguer les populations. Du point de vue de la génétique, il peut y avoir moins de différences entre un habitant du continent africain ou asiatique et un “occidental” qu’entre deux “occidentaux”.

Ensuite, la notion de supériorité est vide de sens : s’il existe des cultures différentes, elles ont toutes leur complexité et leurs richesses, et on ne peut retenir des critères d’évaluation pour les classer.

Enfin, le racisme ne se réduit pas à cette classification biologique. Cette référence ne lui est pas indispensable. La culture (la langue, les mœurs, les traditions, etc.), lui fournit un terreau largement suffisant.

On ne saurait alors ignorer combien racisme et nationalisme sont liés, même si certains voudraient nous convaincre que la nation peut être “généreuse et respectueuse des diversités”. Seulement voilà, de manière globale, la représentation nationaliste de la société affirme :

Autrement dit, notre “nation” est censée être une entité unique, dont tous les éléments sont intimement liés, “telle une grande famille” ! Cela suppose que nous devrions nous identifier, avant tout, par l’appartenance à “notre groupe national”, en tant que communauté supérieure d’intérêt. Non seulement toutes les oppositions de classes sont “oubliées”, mais c’est l’apologie in fine de la préférence nationale, et nous savons ce que ce terme signifie. La nation, par définition, ne peut donc pas être “pluri-culturelle” sans perdre ce qui est supposé faire son identité et sans se condamner dans son principe (dans des pays comme les USA, la “pluri-culturalité” se traduit par un cloisonnement, des ghettos, et une hiérarchisation des “communautés”). Tout juste tolère-t-elle la notion “d’intégration” qui se traduit par l’obligation faite aux “étrangers” de se fondre dans la culture du “pays d’accueil”.

Il n’y a pas une bonne et une mauvaise interprétation du nationalisme : les partis politiques qui se targuent à longueur de journée d’agir “pour la grandeur de la France et dans l’intérêt des Français” ont tous, de ce simple fait, une énorme responsabilité dans la recrudescence de la xénophobie, quelles que soient les nuances de leurs discours. Le Front national s’est contenté de faire de la surenchère sur le très consensuel mythe patriotique, avec un slogan : “La France aux Français“ qui, dans le fond, reflète une idée partagée par tous les nationalistes.

Anarchistes, nous sommes “a-nationalistes” : nous ne nous reconnaissons dans aucune nation. Nous savons que nous sommes d’une classe sociale, que nous parlons une ou plusieurs langues, que nous aimons telle ou telle région du monde, que nous partageons tels ou tels goûts musicaux avec d’autres... C’est cela qui nous définit, en tant “qu’entités sociales”, et rien d’autre. Ceux qui raisonnent en terme de “communautés organiques” ou “ethniques” ont déjà un revolver dans la main pour faire marcher les autres individus au pas cadencé ou au son de l’hymne national.

Contre le sexisme

Toutes les formes de sexisme ont un point commun : elles reviennent à considérer les femmes comme étant d’une “valeur moindre” que les hommes. Plus largement, le sexisme est une norme sociale qui tend à attribuer à chaque sexe un rôle précis dans la société, un certain type d’activité et de comportements. Dans sa version la plus réactionnaire, si l’on peut s’exprimer ainsi, le sexisme réserve aux femmes la sphère privée, l’éducation des jeunes enfants, le ménage, etc. L’enfermement au nom de la “vie du foyer” conditionne l’absence d’autonomie. Le sexisme réserve aux femmes des “traits de caractère” : longtemps “l’hystérie” fut taxée “d’essentiellement féminine”. A contrario l’homme peut évoluer dans la “sphère publique” comme en terrain conquis : dans les diverses hiérarchies et ramifications du Pouvoir, les postes de “responsabilité” lui sont “naturellement” réservés.

Si les relations au sein des familles et dans les couples se sont profondément modifiées depuis vingt ans, le sexisme n’en reste pas moins extrêmement présent. il suffit de regarder autour de soi pour s’en rendre compte : la violence physique et psychologique envers les femmes est loin d’avoir disparu ! Le nombre de viols et de violences “domestiques” le montre assez (une femme sur huit est victime de violences sexuelles avant l’âge adulte). Sur le plan professionnel, quand les femmes sont “autorisées” à se présenter sur le marché du travail, elles sont fortement incitées, pour ne pas dire forcées, à exercer certains travaux et pas d’autres : elles seront “à leur place” dans les bureaux, les salons de coiffure ou les écoles, pas dans les secteurs d’activités techniques. Dans la plupart des cas, et à qualifications égales, elles seront moins payées que les hommes. Les femmes sont toujours contraintes a “être séduisantes”. Elles sont toujours cet “objet du désir” qui fait vendre, via la publicité, voitures et déodorants masculins. C’est toujours l’image de la ménagère (de moins de cinquante ans !) qui choisit entre deux barils de lessive !Quant aux hommes, s’ils sont sans doute plus invités qu’auparavant à user de la séduction, ils doivent selon l’expression consacrée et profondément stupide, prouver “qu’ils en ont” ! “L’homme” doit savoir se battre, être physiquement et moralement fort. S’il connaît quelques blagues bien “beauf”, loin d’être enclin à se taire, il sera, dans la plupart des cas, apprécié pour sa “jovialité” ( ?) et sa “connaissance des choses de la vie” ( !?). Mais gare à lui s’il pleure : il sera “une femmelette” et... un “pédé” ! Car le sexisme c’est aussi, et largement, la haine homophobe : le rejet de l’homosexualité masculine et féminine, ces comportements étant couramment taxés “d’anormalité”, de “déviance”, “d’incapacité à être de son sexe”. C’est pourquoi on se rend bien compte que la norme sexiste, si elle joue d’abord contre les femmes, elle joue aussi contre une partie des hommes. Le sexisme fausse tout y compris les rapports amicaux. il aliène et opprime les hommes qui ont, ou auraient, le désir de vivre autrement leurs relations amoureuses (que ce soit sur le mode hétérosexuel, homosexuel, ou bisexuel) et les rend également victimes de violences sexuelles (c’est le cas pour un homme sur dix, avant l’âge adulte).

Les attaques redoublées ces derniers temps contre l’avortement et la contraception, le fanatisme religieux d’un Jean-Paul II et ses encycliques sont là pour nous rappeler que rien n’est jamais totalement acquis et que le combat pour la liberté sexuelle et l’égalité sociale entre hommes et femmes est toujours d’actualité. Combat éminemment politique car, là encore, le sexisme est un outil de contrôle : comme le racisme, il sert de “défouloir” aux individus dominés.

La liberté

Que veut dire être libre ? Concrètement, la liberté est un pouvoir : celui d’agir ou de ne pas agir. Nous sommes libres quand personne ne nous empêche de faire de notre vie ce que nous voulons et quand personne ne nous impose sa volonté (par la force ou la manipulation). La liberté est d’emblée un rapport social (elle n’existe pas dans la nature mais est une création humaine). Nous ne pouvons être libres là où existe une hiérarchie de commandement et des pouvoirs de coercition : lorsqu’un État nous contraint à effectuer un service national (militaire ou civil) ou lorsque nous sommes à la merci des patrons qui ont tout pouvoir de nous embaucher ou de nous licencier, nous sommes bien entendu toujours “libres” de nous révolter, mais nous ne sommes pas libres, socialement parlant ;Selon la fameuse formule “la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres”, on nous présente la liberté comme quelque chose dont on doit se garder. Elle serait même extrêmement dangereuse car synonyme de “faire tout et n’importe quoi” : “S’ils étaient totalement libres de faire ce qui leur plaît, les humains s’entre-déchireraient dans un chaos généralisé et la vie en société deviendrait impossible“... ! Ce discours n’est pas désintéressé, il permet de justifier le principe de l’Autorité et de transformer la liberté en un “idéal inaccessible”. Elle n’est plus qu’un sujet d’incantation, réservé pour les effets de manches des tribuns politiques. Dans les actes, seules sont tolérées des libertés partielles, cadrées par le Droit et la Loi. La constitution nous autorise la grève bien sage et le droit d’association, mais gare à celui qui ose s’insoumettre et se rebeller ! Bref, nous sommes tous en liberté surveillée !

En opposition à cette vision réductrice autant qu’hypocrite, les anarchistes ont développé une conception sociale de la liberté humaine. Quand, dans leurs révoltes et leurs luttes, les populations ont exigé la liberté, ce n’était pas une liberté abstraite et philosophique, mais bien une liberté associée au principe égalitaire. Pour nous, la liberté ne peut exister sans l’égalité économique et sociale. Liberté et Egalité sont indissociable. La liberté est pleine et entière quand l’individu, émancipé de toutes tutelles et de toute domination, a la possibilité de construire et d’entretenir des relations volontaires avec les autres. Si être tous libres signifie l’absence de domination, il faut, pour que je sois parfaitement libre, que les autres le soient aussi : la liberté de chacun est la condition de la liberté de tous et comme le disait Bakounine, “La liberté des autres étend la mienne à l’infini“.

Par ailleurs, puisque les individus sont des êtres sociaux, la liberté n’est pas le refus de toutes les contraintes. Pour s’organiser avec les autres, l’individu doit prendre des engagements, établir des arrangements et les respecter. Il atteint sa complète liberté quand il peut choisir ses contrats et en négocier les termes. Enfin, toute censure nous est insupportable car elle suppose un pouvoir, une Autorité pour l’exercer. Si une opinion nous paraît dangereuse, dans ce qu’elle représente et laisse supposer comme actes à venir, on ne résout rien en l’interdisant. Prétendre qu’ ”il ne faut pas laisser la parole aux ennemis de la liberté" est le meilleur moyen d’aller vers là dictature.